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animaux de cette espèce, veu la datte de ces différents événements[1]. »

M. de Saint-Florentin, alors ministre d’État, s’intéressait vivement aux chasses que l’on faisait et au sort malheureux des habitants du pays infesté.


« Je vous suis obligé, écrivait-il à M. de Ballainvilliers, l’Intendant d’Auvergne, de votre attention à m’informer des maux que la Bête féroce qui a déjà ci-devant désolé le Vivarais a déjà faits dans la partie de l’Auvergne où elle s’est réfugiée. Vous avez pensé, avec raison, que le meilleur moyen de la détruire étoit d’engager par l’espoir d’une récompense les gens du pays même à la poursuivre, car on augmentera sans doute l’encouragement en augmentant la gratification. Le roi trouve bon que vous promettiez jusqu’à douze cents livres et elles seront payées sur-le-champ à celui ou à ceux qui auront tué cet animal.

« L’expérience de ce qui s’est passé en Languedoc a fait connaître le peu de succès que l’on devoit attendre de détachements de troupes par lesquelles on lui faisoit donner la chasse, et l’on a pris le parti de le rapeller.

« Je vous prie de continuer à me faire part de tout ce que vous aprendrez à ce sujet.

« À Versailles, le 31 déc. 1764[2]. »


Les prévisions des consuls de Saint-Flour s’étaient justifiées. Les dragons n’avaient pas eu le succès espéré, et d’autre part leur présence était pesante pour ces populations appauvries. Aussi M. Duhamel se vit effectivement rappeler dans son quartier, mais, après réflexion mûre, il fut, ainsi qu’on le verra, remis de nouveau, peu de jours après, à la tête des chasseurs pour faire une dernière tentative, contre cet animal maudit.

  1. Lettre de Vigier, consul de St-Flour, du 2 janv. 1765. Ibid.
  2. Archives du Puy-de-Dôme. C. 1731. Doc. inédit.