Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/218

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Un prêtre, qui la vit, cette bête terrible,
M’en fait le portrait… éloignée, invisible,
Elle excitait dans l’homme un subit tremblement,
Contre lequel, hélas ! il s’armait vainement ;
Et, lorsqu’elle approchait, qu’à travers les bocages
On entendait frémir, remuer les feuillages,
La sueur de la mort coulait, glaçait le cœur…
Le monstre de sa proie était déjà vainqueur !
Que dis-je ? À son aspect, à sa marche rapide,
À ses horribles cris, tout un peuple timide
Croyait voir le dragon, le furieux Satan,
Qui jadis, dans Pathmos, apparut à Saint-Jean…
Pour décrire sa forme et ses traits athlétiques,
Susemith, prête-moi tes crayons énergiques,
Représentant son chef son air audacieux,
La flamme bouillante et rouge de ses yeux,
Sa crinière hérissée et sa gueule entr’ouverte,
Par l’écume souillée et de sang noir couverte,
Montrant sa langue énorme et ses quarante dents
Qui pénétraient les chairs comme des traits ardents !…
Sa longueur de six pieds, (illusion fatale !)
Semblait en avoir vingt, paraissait colossale !…
Plus vite que le cerf, revêtu de poils roux…
Tel est son corps !… je vais démontrer son courroux.

Fr. E.


« Condition de la Souscription : Un volume in-8o d’environ quatre cents pages, prix cinq francs, payables à sa réception.

« On souscrit, au Puy, chez M. André Audiard, imprimeur-libraire, Boulevard Saint-Louis. À Mende, chez M. Pécoul, libraire. À Langogne, chez M. Blanquet, secrétaire de la mairie. À Rhodez, chez M. Bonhomme, officier en retraite. À Villefort, chez M. Vidal, notaire (Imprimerie d’A. Audiard, boulevard Saint-Louis. Le Puy). »


La souscription ne donna pas le succès espéré ; le poème ne fut point imprimé, le prospectus seul eut cet honneur.

Après le barde, vint le détracteur.