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CHAPITRE XXI

LONGTEMPS APRÈS



La Bête une fois morte, son souvenir ne s’éteignit pas avec elle. La tristesse de tant de deuils, les longues angoisses des contrées éprouvées, et, pendant trois années, l’anxiété de toute la France qui suivait, avec un compatissant intérêt, les péripéties de cette lutte, avaient rendu sa mémoire inoubliable. L’histoire s’occupa d’elle, ainsi que la gravure : elle eut son barde, et comme la Roche Tarpéienne n’est pas loin du Capitole, elle eut ses détracteurs, par quoi elle n’ignora rien des vicissitudes humaines.

Tout d’abord, en pleine actualité, la gravure s’intéressa à la Bête du Gévaudan. Des placards furent imprimés, dans lesquels, au-dessous de l’image, se lisaient les explications nécessaires au lecteur. Des dessins à la main s’ébauchèrent, des images coloriées furent tracées dont quelques-unes ont survécu et se retrouvent, soit dans les archives, soit dans les vieux papiers de famille. Il existe, à la Bibliothèque nationale, outre un recueil de gravures dressé par M. Magné de Marolles, d’autres estampes à qui firent de nombreux emprunts les feuilles médicales, à l’occasion de la brochure du docteur Puech. Et de ces gravures qui, toutes, voulaient être la véritable image de la Bête, quelques-unes sont vraiment fantastiques, et témoignent combien l’imagination avait été troublée par la terreur et l’épouvante qui régnaient alors.