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Comme les ravages avaient cessé, le 9 septembre, les États allouèrent à l’heureux chasseur Chastel une récompense pécuniaire :


« M. le receveur des tailles de la ville de Mende… payera au nommé Chastel la somme de 72 livres de gratification qui lui a été accordée par Messieurs les commissaires du diocèse, pour avoir tué, le 19 juin dernier, dans une chasse exécutée sous les ordres de M. le marquis d’Apchier, une bête qu’on présume, attendu la suspension des malheurs depuis ledit temps, être celle qui les causait dans la partie du Gévaudan qui avoisine l’Auvergne du côté de Saugues, sans préjudice audit Chastel de solliciter et d’obtenir de plus grandes gratifications, surtout dans le cas où les malheurs auraient par la suite entièrement cessé…

« À Mende, le 9 septembre 1767.

« Signé : de Rets-Fraissent, vicaire-général, président ; pour acquit, signé : Chastel[1]. »


« Le terrible loup tué par Chastel avait une compagne digne de lui. Une louve le secondait dans ses douloureux exploits. Elle fut tuée huit jours après dans la paroisse de la Bessière-Saint-Mary, par le sieur Jean Terrisse, chasseur de Mgr de la Tour d’Auvergne.

« Le 17 septembre suivant, le sieur Terrisse toucha une gratification de 48 livres pour la bête femelle trouvée morte de la blessure qu’elle avait reçue de lui à une chasse commandée par M. le marquis d’Apchier.

« Le diocèse de Mende accorda, le 3 mai 1768, la somme de

  1. Aug. André, loc. cit., p. 204 et suivantes.
    Ce Chastel a été déjà mentionné au cours de ces chasses. Il est question de lui dans la lettre de M. Verny de la Védrine, 4 mars 1765.
    Au mois d’août il eut des démêlés avec le garde Pélissier qui l’accusait de l’avoir fait tomber dans un bourbier. Dans une vive altercation, Chastel couche en joue le garde, et pour cette menace est conduit à Saugues où il est mis en prison.
    Le 17 mai 17674, il est témoin de l’inhumation de Marie Denty, de Septsols, dévorée par la Bête, et signe au registre des décès avec son frère.
    Il était originaire de Darnes, petit village de la Besseyre-Saint-Maryet avait une réputation incontestée d’habile chasseur.