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« Vous observés de planter en terre à deux pieds au moins de profondeur un piquet de deux ou trois pieds de haut où vous passerez les jambes du chien, vous mettrez au-dessus du piquet une traverse de Bois afin que les loups ne puissent pas l’enlever et qu’ils soient obligés de le manger sur place, s’il y a de la neige vous le poursuivrez à la piste et vous le trouverez crevés à quelque distance de là.

« Il faut avoir une Rape d’acier pour râper la noix vomique le même jour que l’on veut s’en servir.

« En pratiquant ce secret pendant plusieurs années avec le plus grand nombre de chiens qu’il sera possible, (il y en a tant qui ne sont d’aucune utilité !) on parviendra infailliblement à détruire tous les loups du pays.

« Pour exciter l’émulation du Public à cet égard, on fera payer pour chaque loup empoisonné, la même gratification que l’on paye actuellement pour chaque loup tué.

« MM. les subdélégués feront aussi fournir gratis la noix vomique à ceux qui ne seront pas en état d’en acheter. »


Un second procédé, aussi souvent employé, consistait à empoisonner des chiens avec de la noix vomique, du verre pilé, de l’oignon de colchique et de l’éponge frite à la poêle, dont on remplissait le corps de l’animal après en avoir fermé les ouvertures avec de la fiente de vache. L’appât ainsi préparé était jeté aux endroits que fréquentaient les loups.

Ce fut pour la race canine une période calamiteuse, tant il est vrai que tout pâtit des fléaux qui pèsent sur un pays !

Nombre de particuliers tuèrent leurs chiens pour les exposer aux endroits propices.

Les commissaires du diocèse vinrent eux-mêmes diriger l’emploi de ce procédé et veiller à la distribution du poison :


« État des endroits où nous avons jeté du poison en partant de Mende, à l’occasion de la Bête.


« Premièrement. Le 17 avril, coucher à Saint-Alban.

« Le 18 Avril, nous avons empoisonné quatre chiens, deux brebis et une fressure de bœuf, pour jeter le 19, dans le passage