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CHAPITRE XX

LE 19 JUIN 1767



Puis vint l’année 1767.

Qu’allait-elle apporter dans son mystérieux avenir ?

Verrait-elle enfin la destruction de la Bête ?

L’on ne pouvait tirer aucun présage de ses débuts : chacun vivait dans les transes, chacun se tenait sur ses gardes, bien que le monstre ne fît point parler de lui en ce moment. Une assez longue période d’accalmie s’écoula, du mois de janvier aux premiers jours du printemps.

Mais alors, et comme pour tirer compensation, ce fut dans le cours de deux mois environ, une recrudescence inouïe de désastres nouveaux.

« Dans le printemps de 1767, dit l’abbé Trocellier, cette cruelle Bête fit de nouveaux désordres du côté de Saint-Privat, de Julianges et de Chaliers. On comptait par douzaines le monde qu’elle dévorait. MM. les commissaires du diocèse envoyèrent de nouveaux chasseurs de la ville de Mende. »

Par les registres paroissiaux, l’on sait ce que, dans ces parages redoutés, se déroulèrent de lugubres drames, et ce que furent dévorées de nombreuses victimes.

La Bête avait choisi, pour son cantonnement préféré, les alentours du Montmouchet, qui allonge sa croupe, d’un côté face à l’Auvergne, de l’autre face au Gévaudan et termine la