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M. Antoine, jugeant son rôle fini, partait du Gévaudan, le 3 novembre, pour se rendre à Saint-Flour, et de là, à Fontainebleau. Pas n’est besoin de raconter le succès qu’il eut à la Cour et les félicitations qui l’y attendaient.

« M. Antoine de Beauterne reçut la croix de Saint-Louis et mille livres de pension pour récompense de sa bravoure. Son fils obtint une compagnie de cavalerie[1]. » M. Antoine obtint la permission de mettre dans ses armes la Bête du Gévaudan, pour perpétuer la mémoire de son exploit. Le mode d’addition à ces armoiries fut définitivement réglé par M. d’Hozier, le 28 novembre 1766[2].

M. Bès de la Bessière affirme qu’il leva en outre deux cent mille livres dans Paris en faisant voir cet animal. La lettre du 23 septembre, plus haut citée, indique à qui devait effectivement revenir la somme recueillie par cette exhibition.

Enfin, le 28 décembre, M. Antoine adressait, de Versailles, à l’Intendant d’Auvergne, une requête bien légitime :


« Je vous prie de vouloir bien avoir pour agréables les

  1. Aug. André. Bulletin de la Société d’Agriculture de la Lozère, 1884, p. 201.
  2. « L.- Pierre d’Hozier, chevalier du Roy en son conseil, et juge d’armes de la noblesse de France, etc., etc.
    Le Roy nous ayant fait savoir par une lettre de M. le Cte de St Florentin en datte du 11 sep. mil sept cent soixante-six que Sa Maj. avait permis à Fois Antoine écuyer, son porte-arquebuse, l’un des lieuten. de ses chasses et chevalier de l’ordre royal et milit. de St Louis, d’ajouter un loup mourant dans l’écusson de ses armes.
    … Nous, en conséquence de lad. lettre par laq. Sa Maj. nous ordonne de délivrer au d. r. Fois Antoine notre brevet de réglement sur le nécessaire, et après avoir vu les titres qui justifiant qu’il avoit pour armes un écu d’azur à un chevron abaissé d’or, surmonté de deux étoiles d’argent et trois fleurs d’Enula campana de même, renversées et disposées en chevron et attachées à une tige de sinople naissante d’un tertre d’or, à la pointe de l’écu, et le tout brochant sur le chevron ; avons réglé pour celles qu’il portera dorénavant, un écu d’azur, à un chevron d’or, surmonté de deux étoiles d’argent et de trois fleurs d’Enula campana de même, renversées et disposées en chevron et attachées à une tige de sinople naissante d’une terrasse d’or sur laquelle est un loup au naturel, couché, ayant la tête contournée et mordant de sa gueule ensanglantée la tige de ces fleurs, blessé d’un coup de feu au-dessus de l’épaule gauche et au-dessous de l’œil droit, ces deux parties aussi ensanglantées. Cet écu timbré d’un casque de deux tiers, armé de lambrequins d’azur, d’or, de gueules, d’argent et de sinople… etc., etc. Le Vendredi 28e jr. du mois de Novembre de l’an mil sept cent soixante six. Signé : d’Hozier. (Académie de Clermont-Ferrand. — Comm. faite en 1907 par le baron du Roure de Paulin, mort à la guerre.)