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Le lendemain 14 octobre, M. Antoine avec ses gardes se transportait dans la forêt des Chazes, et réussissait cette fois encore à détruire la grande louve qu’il poursuivait :


« L’an 1765, le 14me jour du mois d’octobre, nous, François Antoine… envoyé par ordre de Sa Majesté dans les provinces de Gévaudan et d’Auvergne… à l’effet d’y détruire la Bête féroce et les loups qui ont désolé ces deux provinces, jusqu’à présent ayant le bonheur de tuer le grand et prodigieux loup qui avoit selon toute apparence, la meilleure part de ces désastres. Ayant les ordres de Mgr le Comte de Saint-Florentin de faire notre possible pour détruire la louve et les deux louveteaux du dit loup : À cet effet nous déclarons par le présent procès-verbal nous être trompé dans la dernière chasse ayant déclaré que nous avions blessé à sang ladite louve. Car c’étoit un grand loup qui étoit venu aux hurlements qu’elle faisoit toutes les nuits, et nous ne doutons pas que ledit loup ne soit mort ayant été mourir bien loin des deux coups de fusil bien appliqués qu’il avoit reçus.

« À l’égard du louveteau tiré à ladite chasse, il a été mourir sous une carrière de roches impraticables à fouiller. Depuis ce temps, nous n’avions pas voulu tuer les louveteaux que nous n’eussions tué la mère. Or ayant été averti au Bessat le jour d’hier que ladite louve et ses louveteaux avoient dévoré six moutons, de quoi les cinq valets des limiers avoient connaissance…

« … Nous sommes arrivés ce jourd’huy de bon matin à ladite abbaye des Chazes et les valets des limiers nous ayant fait rapport qu’ils y avoient détourné dans une même enceinte la louve avec son louveteau, nous nous sommes déterminés à les chasser tout de suite. Ayant bien ordonné que l’on ne s’attacha qu’à ladite louve qu’au premier coup de trompe a débuché, ce qui a fait que les chiens ont été une bonne demie heure à la rapprocher bien loin où elle avoit refuit, dans des gorges et des caves terribles où le sieur Regnault s’est transporté avec quelques chiens qui l’ont relancée, et ils l’ont chassée encore environ une heure et demie après quoi ledit sieur Regnault l’a tirée et blessée. Et ensuite elle est venue se faire tuer par deux paysans de la ville de Langeac en Auvergne, dans la même enceinte, et