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d’autres ressources que de faire des battues et lui donner une chasse acharnée.

Aussi les hommes se levèrent, les seigneurs à leur tête ; mais, soit inexpérience, soit faute d’union et d’entente, ces premiers essais n’eurent aucun succès.

Et la Bête, que ces poursuites ne semblaient troubler aucunement, continua d’attaquer et de dévorer à belles dents ce qu’elle put rencontrer d’enfants à sa portée.

Au commencement de septembre, elle fit sa proie d’un autre enfant au lieu des Pradels, en cette même paroisse de Chaudeyrac. Le 6 septembre, à sept heures du soir, elle dévorait, au village d’Estrets, paroisse d’Arzenc, une femme de trente-six ans, et le 16, à six heures du soir, un garçon des Choisinets, paroisse de Saint-Flour de Mercoire, en Gévaudan[1].

Qu’allait-on devenir, si l’on ne réussissait pas à délivrer la terre de ce monstre féroce, qui, cantonné dans les environs de Langogne, rayonnait aux alentours, choisissant l’heure et l’endroit propices pour attaquer impunément ses victimes ?

Le syndic de Mende, M. Lafont, recevait les plaintes de ces pauvres gens, exposés journellement à une mort calamiteuse. Les chasses privées étaient insuffisantes ; fallait-il abandonner ces populations ? Le cas était d’autant plus urgent qu’une nouvelle victime, la septième en trois mois, une jeune fille de douze à treize ans, venait d’être dévorée au village des Thorts, paroisse de Rocles.

M. de Moncan, gouverneur militaire de la province de Languedoc, informé de la situation, avait déjà envoyé l’ordre à M. Duhamel, capitaine aide-major des volontaires de Clermont, d’aller donner la chasse à cet animal, avec un détachement de quarante dragons à pied et dix-sept montés, et de prendre ses cantonnements à Langogne. Cet officier, avec ses hommes, s’était mis à la tête des chasseurs, et par là avait apporté le bon ordre et la discipline dans leurs rangs, ainsi qu’une régularité bien nécessaire dans les opérations.

Le 21 septembre, un gros loup avait été tué dans la paroisse de Luc, mais ce n’était pas encore la Bête poursuivie.

  1. Ibid.