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que ce soit vous-même qui ayez tué ce furieux animal ! Votre fils Beauterne me mande être désespéré d’avoir quitté sa place pour courir à votre halaly. Quelle augmentation de gloire qu’il auroit aussi reçue, s’il eut pu tuer la louve dans le même instant !

« Il ne peut y avoir de satisfaction pareille à la vôtre et à la nôtre, car le Roy ne fait que parler de cela toute la journée ; depuis que Sa Majesté en a reçu le procès-verbal, elle a voulu faire elle-même la lecture en présence de toute la Cour, et sur le champ, le Roy a fait demander votre cher fils aîné, le capitaine, auquel Sa Majesté a fait l’honneur de lui parler une heure entière, en lui disant les choses les plus honorables sur votre compte, et tous les seigneurs de la Cour l’ont embrassé. Sa Majesté a eu la bonté de se rappeler toutes vos belles actions sur la chasse et sur les dangers dont vous l’aviez tiré, dans les chasses du sanglier et du cerf, et de tout votre zèle à le servir.

« … J’ay fait dire des messes en actions de grâces, et prie Dieu de tout mon cœur, pour qu’il vous rende et vous ramène dans le sein de votre chère famille, je n’aurois jamais de bras assez grands pour recevoir et embrasser de toute mon âme le meilleur de tous les maris et le plus tendre des Pères[1]. »


La fille de M. Antoine écrivait à son père une lettre à peu près semblable que nous ne citons pas pour éviter des longueurs.

  1. Archives du Puy-de-Dôme. C. 1736.