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faite en présence de M. Antoine, M. son fils, M. de la Font, MM. les gardes-chasses et les habitants de Besset, et autres. Je certifie le présent rapport sincère et véritable. Fait au Besset, le 21 septembre 1765.

« Signé : Boulanger chirurgien[1]. »


Comme ce loup avait été tué en Auvergne, il devait, ainsi que l’écrivait M. Antoine à l’Intendant de Languedoc, être envoyé à M. de Ballainvilliers, intendant d’Auvergne, pour être ensuite porté à Paris et montré au Roi.

Mais avant que l’animal parvînt dans la capitale, l’heureuse nouvelle de sa mort l’y avait depuis longtemps précédé.

M. de Ballainvilliers écrivait à Sa Majesté :


« Sire,

« Nous sommes d’une joie inexprimable. M. Antoine de Beauterne, porte-arquebuse de Votre-Majesté, a tué la Bête du Gévaudan. »


Le procès-verbal ci-dessus relaté fut aussi envoyé au Roi.

On ne saurait peindre mieux la joie et l’enthousiasme du Souverain et de la Cour, que ne le fait la lettre qu’adressait à son mari la femme de M. Antoine :


« Versailles, 20 sept.

« Après une inquiétude mortelle, mon très-cher bon amy, et la plus grande tristesse dont j’ai été pénétrée par votre dernière lettre où il paraissoit qu’il n’y avoit plus rien à espérer de ce triste état, je reviens tout d’un coup à la joie la plus inexprimable, la tête nous en tourne à tous de plaisir. Que n’êtes vous donc avec nous pour la partager et pour être témoin de la satisfaction que cela fait à la Cour et à la ville. Ma maison ne désemplit pas toute la journée pour recevoir des compliments. Quel coup heureux, et quel bonheur pour vous et pour nous

  1. Procès-verbal fait aux Chazes. Imprimé sans nom d’imprimeur. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736. M. Boulanger reçoit douze livres pour l’ouverture et l’examen qu’il a fait de ce loup. (Ibid., C. 1737.)