Page:Fabre, La bête du Gévaudan, Floury, 1930.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussitôt, ayant reçut la balle dans l’œil droit et toutes lesdites postes dans le côté droit, tout près de l’épaule ; et comme je criois Halaly, il s’est relevé et est revenu sur moi en tournant et sans me donner le temps de recharger madite arme. J’ai appelé à mon secours le sieur Rinchard, placé près de moi, qui le trouva arrêté à dix pas de moi et lui a tiré dans le derrière un coup de sa carabine, qui l’a fait refuir environ vingt-cinq pas dans la plaine, où il est tombé roide mort.

« Nous, François Antoine, ez dits noms, nous Jacques Lafont, avec tous les gardes chasses ci-dessus déclarés, ayant examiné la hauteur de 32 pouces, la longueur de cinq pieds sept pouces et demi ; la grosseur de trois pieds ainsi que celle des crocs et dents machelières, de même que la grandeur des pieds de cet animal, la pesanteur de cent trente livres[1] qui nous a paru des plus extraordinaires ; nous déclarons par le présent procès-verbal signé de notre main, n’avoir jamais vu un loup qui pût se comparer à cet animal. C’est pourquoi nous avons jugé que ce pourrait bien être la Bête féroce ou le Loup dévorant, qui a tant fait des ravages. Et pour en prendre une plus grande connaissance, nous l’avons fait ouvrir par le sieur Boulanger, chirurgien expert de la ville de Saugues, en présence de MM. Antoine, père et fils, de M. Lafont, de tous les gardes soussignés, des deux valets des limiers de la louveterie du roi ; de M. Torrent, curé de Ventuéjols ; de M. Jean-Joseph Vernet et son frère, de la ville de Saugues ; de M. Torrent, de Lavès de Ventuéjols ; de M. Manson, de la paroisse de Grèzes, qui ont assisté au rapport qu’en a fait ledit sieur Boulanger, maître chirurgien. Et sur ce, s’est présenté M. Torrent, curé de Ventuéjols et Guillaume Galvier, consul de ladite paroisse, qui nous ont amené le nommé Jean-Pierre Lourd, âgé de quinze ans, et Marie Trincard, âgée de douze ans, qui nous ont déclaré tous deux avoir bien examiné ledit loup, que c’étoit la même Bête qui les avoit attaqués et blessé ladite Marie Trincard, le 21 juin dernier, ainsi qu’il est déclaré par le procès-verbal fait par nous en conséquence. Et ne sachant écrire ni l’un ni l’autre, M. le

  1. La lettre de M. de Ballainvilliers à Sa Majesté dit qu’il pesait cent cinquante livres. (Bullet. de la Soc. d’Agr. de la Loz., p. 200, Aug. André.)