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CHAPITRE XII

LA CHASSE DANS LES BOIS DE L’ABBAYE DES CHAZES (AUVERGNE), LE 21 SEPTEMBRE 1765



Monsieur Antoine, à son tour, se sentait tristement découragé en face de cette pénible situation.

Jusqu’ici il n’avait rien pu, et encore à l’heure présente, ses efforts étaient impuissants pour détourner les malheurs qui accablaient ces populations.

Depuis cinq jours, ces loups féroces — puisque pour lui il n’y avait que des loups — venaient impunément étaler leur audace sous ses yeux, et aucun d’eux n’était tombé sous ses coups. Ils se montraient si près de lui et il ne pouvait jamais les atteindre !

Et puis les gelées commençaient à se faire sentir à cette altitude. Bientôt allaient arriver le froid et la neige, et alors plus de chasse ! Les chiens — on lui annonçait une nouvelle meute de douze, menée par deux valets — ne pourraient être utilisés et il faudrait s’en retourner.

Oh ! quelles pénibles angoisses étreignirent son âme ! Il faudrait repartir comme ses prédécesseurs, les mains vides, portant au front l’humiliation de son insuccès ! Il n’avait donc tant vécu que pour cette honteuse défaite ! Il avait eu de si beaux succès en Allemagne, en Piémont et ailleurs, et il venait