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lieu de notre présente résidence par le nommé Jacques Teissèdre, demeurant au Bessat[1], paroisse de Pignols (Pinols), en Auvergne, lequel nous a déclaré que hier au soir, au soleil couchant, l’aîné de ses enfants qui s’appelle Jean Teissèdre, de l’âge de seize à dix-sept ans, étant dans un pré à garder des bœufs, il a vu venir à lui cet animal qui lui a parû fait comme un chien et de la grosseur d’un loup. Cet animal auroit passé devant le dit petit garçon, et en même tems il s’est trouvé saisi au col par derrière en le renversant par terre, lui a fait une dentée considérable au col et deux derrière la tête ; à ce moment elle auroit quitté le petit garçon pour aller reprendre un autre petit garçon domestique dudit Jacques Teissèdre, âgé d’environ onze à treize ans, lequel enfant ne pouvoit parler à cause que ledit animal l’avoit saisi d’abord au col où nous avons aperçu deux dentées considérables pour y faire entrer le doigt, et la troisième dentée que cet animal lui a faite lui a fendu la joue environ un pouce et demi de long, et ensuite il a été déclaré par l’autre petit garçon qui étoit avec lui l’avoir vu traîner environ cinquante pas sans le quitter et il l’a secouru avec une bayonnette qu’il portoit.

« A déclaré ledit Jean Teissèdre attandu qu’il étoit nuit ne pouvoir rien dire d’assuré touchant ce qui concerne la grosseur, grandeur, couleur de poil de cet animal que ce qu’il a déclaré cy-dessus, déclarant aussi ne savoir signer de ce interpellés, icy présens au Bessat les sieurs Lacôte, Pellissier, Dumoulin, Lacour, Lecteur, le sieur de Lafont et le sieur Antoine de Beauterne[2]. »


Enfin, le lendemain, 13 septembre, était encore dévorée une jeune fille de douze ans, au hameau de Pépinet, paroisse de Venteuges, dans les bois contigus à la Besseyre-Saint-Mary.

Comme cette enfant n’était pas rentrée vers les huit ou

  1. Ce nom est diversement orthographié, on lit parfois Bussat ou Buffat.
  2. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1736.
    « J’ai donné des ordres pour faire payer au nommé Jean Teyssèdre une somme de quatre vingt seize livres pour la gratification que vous avez bien voulu lui accorder, et comme son camarade a été dangereusement blessé par la Bête féroce, le 21 du mois de septembre dernier, je lui ai fait donner quarante huit livres. »