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villages avoisinants qui s’étagent sur les larges flancs du Montmouchet, l’un des plus hauts sommets des Margerides, et c’est juste aux alentours du Montmouchet que la Bête multipliait alors ses exploits audacieux.

C’est là que venait d’être attaquée Marie Vallet, là qu’avait été dévorée la fille de la Vachellerie. C’est là aussi qu’allaient être bientôt assaillis le muletier de Paulhac, et sur l’autre versant, les enfants de Teyssèdre.

On croirait aisément qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire dans cette Bête, qui, alors qu’ailleurs l’impunité lui était facilement assurée, venait choisir ses victimes au milieu des chasseurs acharnés à sa poursuite et semblait ainsi les braver outrageusement.

Maintenant elle ne doutait plus de rien et s’en prenait aux hommes dans la force de l’âge.


« La Bête féroce attaqua, le 11, un muletier qu’on m’a assuré être âgé de trente à trente-cinq ans et être un homme vigoureux. Ce muletier conduisait six mulets, sur un desquels il y avait un fusil qui n’était chargé qu’avec de petits plombs. Il aperçut la Bête couchée sur la bruyère, prit son fusil et fut à elle et lui tira à environ vingt pas. La Bête se relève en fureur et vient sur le feu, ce qu’elle n’avait fait encore. Elle renversa ce muletier et un de ses frères étant en avant avec un autre homme et marchant à quelques pas de distance de lui, lorsqu’ils entendirent le coup de fusil, ils se retournèrent et aperçurent le muletier couché par terre, se débattant avec la Bête. Ils coururent à son secours et elle s’enfuit vers le bois de la Pauze[1]. »


Le muletier se nommait Gouny, et l’incident se passait non loin de Paulhac, sur la route de Saint-Flour.

Cet insuccès ne décourageait point la Bête qui recommençait ses tentatives sur l’autre versant du mont, en Auvergne, cette fois :


« Le Besset.

« L’an 1765 et le 13 du présent mois de septembre, nous, François Antoine, etc. ayant été averti aujourd’hui au Besset,

  1. Ibid. C. 1736.