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de la louveterie du Roy qui alloient nous arriver icy, conduits par un valet de chiens.

« Au Besset, ce 21 août 1765.

« Antoine[1]. »


Dans cette lettre M. Antoine demande en outre l’autorisation de distribuer quelques secours aux habitants.

Cependant, l’on n’avait aucune nouvelle de la Bête depuis l’attaque de Jeanne-Marie Vallet à Paulhac, et l’on espérait que la blessure qui lui avait été faite par cette jeune fille aurait eu peut-être des conséquences funestes pour cet animal maudit. Plus de vingt jours s’étaient écoulés et l’on n’entendait parler d’aucun méfait. Bientôt les hypothèses devinrent des espérances et ces espérances prirent, dans les esprits, la consistance de réalités. Hélas ! on n’allait pas tarder à être déçu de toutes ces illusions !

Le 28 août, le garde Rainchard avait tiré de loin un fort grand loup que l’on croyait être la Bête poursuivie ; l’animal frappé à mort, put cependant fuir encore assez longtemps pour échapper aux chiens, et aller mourir près de Védrines-Saint-Loup.

Le fils d’Antoine fut alors envoyé pour rechercher l’animal disparu :


« À Saint-Flour, 3 septembre, 1765.

« Monsieur, j’ay été détaché icy par mon père avec le sieur le Conte, garde-chasse du parc de Versailles pour venir réclamer un très-gros loup que le nommé Rainchard, garde-chasse de son Altesse Sér. Mgr le duc d’Orléans tira le 28 du dernier mois, lorsqu’il étoit occupé à regarder de petits enfants qui gardoient des vaches dans le bois de la Ténagère ; comme il porta son coup à deux lieues de là, les paysans de Verderine Saint-Loup l’apportèrent ici pour en recevoir la gratification du sieur de la Vallette qui m’en a remis les oreilles et la peau, et à force de perquisitions nous avons trouvé la carcasse de ce loup dont nous avons coupé les quatre pieds, et nous avons reconnu, suivant les connaissances que nous en avions, que c’étoit le même

  1. Archives du Puy-de-Dôme. C. 1736.