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CHAPITRE XI

INSOLENTS MÉFAITS DE LA BÊTE



La Bête ne semblait aucunement s’inquiéter de la présence de M. Antoine, du comte de Tournon et de leurs chiens, non plus que des battues faites pour la déloger.

Le 11 août, M. Antoine avec ses gardes s’était transporté d’abord à Servières, puis de là à la Font-du-Fau, en Auvergne, pour y faire deux battues qui devaient se joindre au grand Bois Noir que l’on voulait investir et fouiller.

Au cours des opérations, on vint lui annoncer qu’une jeune fille, Marie-Jeanne Vallet, domestique de M. Bertrand Dumont, curé de Paulhac, avait été attaquée par la Bête en se rendant à Broussous, petite ferme voisine du chef-lieu de la paroisse.

Aussitôt, M. Antoine se transporta sur les lieux, étudia les traces et reconnut que c’était le même loup qui continuait ses ravages. Mais comme les chiens des bergers l’avaient poursuivi très loin, il lui fut impossible de prendre la suite et tout ce qu’il put faire, ce fut de dresser procès-verbal de la lutte entre la Bête et la dite jeune fille, âgée de dix-neuf à vingt ans :


« Ladite Vallet, attaquée par la Bête, lui a porté dans le poitrail, de toute sa force, un coup de la bayonnette qu’elle portoit. M. Antoine a vu la bayonnette teinte de sang sur une