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toujours sur pied, il ne fait que roder à environ une lieue et demye autour de nous, mais vu la récolte, nous laissons les habitants en repos, à finir leurs foins et à commencer les blés, où il n’y a pas encore icy deux arpents de sciés. Mais les dimanches nous assemblons cinq ou six paroisses à tour de rôle pour faire une battue, qui fautte que les batteurs n’ont point d’ordre dans les marches elles ne peuvent réussir…

« Je quitte la plume par la rumeur que j’entends, et je la reprends pour vous informer, monsieur, que cette rumeur étoit causée par tous les habitants de la paroisse de la Besseyre, dans le Besset, à une distance d’un demy-quart de lieue, qui couroient après ce loup qui venoit d’étrangler une grosse fille âgée d’environ vingt ans qui étoit assise à filer avec une autre grande et deux autres petites filles. Cela est arrivé à près de huit heures du soir, et il l’a traînée environ vingt pas dans un petit bois. Tous nos gardes, mesme M. le comte de Tournon, M. de Lafont et mon fils et moy serions arrivés à tems pour le tirer, si une grande quantité de monde n’y fut arrivé avant nous, ce qui l’a fait s’enfuir, un instant avant notre arrivée. Nous avons reconnu par le pied que c’étoit toujours le même loup.

« Au Besset, le 9 août 1765.

« Antoine[1]. »
  1. Ibid. C. 1736. La fille à laquelle il est fait allusion était Jeanne Anglade de Pompeyren, paroisse de la Besseyre Saint Mary, « âgée d’entour seize ans, égorgée par la Bête qui mange le monde, dans un des tènements du Besset, où elle gardait les bestiaux de Guill. Comte… inhumée le dixième août 1765, dans le cimetière de la paroisse… signé : Fournier, curé (Greffe de Riom).