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avec nos limiers, et nous avons revu par le pied en plusieurs endroits d’un grand loup d’une louve qui l’avoit joint, et que sans doute les hurlements du grand loup avoient été faits pour la rappeler. Nous jugeons tous par un procès-verbal que nous avons fait que les deux derniers délits n’ont été faits que par des loups, ce que nous reconnaîtrons à la première occasion que nous puissions être avertis à temps. J’aurai l’honneur de vous observer qu’il y a une chose qui est la plus contraire à une connaissance si nécessaire à sçavoir s’il y a une Bête dévorante qui existe ou si c’est des loups qui causent tant de ravages. Il est nécessaire qu’il y aye une défense particulière dans toutes les paroisses où pareils malheurs arrivent de poursuivre lad. bête féroce avec des hommes et des chiens très loin, comme ils font, cela fait que cette bête refuit par là à plus de deux lieues et plus de l’endroit où elle a dévoré et qu’il nous sera impossible de la détruire sur le lieu même et de la faire tuer, car il est certain qu’un animal qui est saoul, ne se retire pas loin, et au premier endroit où il trouve une bonne demeure.

« Si le temps ne devient plus favorable, nous allons fouiller les forêts de Méronne (Meyronne, près Venteuges), de Monpeiroux et de Marsalette et autres buissons des environs qui servent de retraite à la prétendue Bête ou aux loups et à leurs louveteaux, car ce païs-cy est le lieu ou nous avons le plus à travailler. L’on commence à faucher les foins, et les seigles seront coupés ensuite et il serait bien malheureux pour les habitans que nous les privassions de vaquer à faire leur récolte en les employant sans une extrême nécessité à tirer et à faire des battues avec nous, il n’y a que les dimanches et les fêtes que nous pourrons les employer à cet usage…

« À Sauzet, en Gévaudan, 11 juillet 1765.

« Antoine[1]. »


Au lendemain, « 7 juillet, on fit une chasse générale où M. Denneval fut trouvé pieds nus, s’étant embourbé, ne laissant pas, malgré cet accident, d’agir avec son zèle ordinaire.

  1. Archives du Puy-de-Dôme, C. 1734.