Page:Fables chinoises du IIIe au VIIIe siècle de notre ère.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par votre corne large et haute,
Tirez mon char sur cette côte. » —
Et le sentiment de l’honneur,
Animé par ce doux langage,
Fit porter au bœuf son bagage
Avec succès.
Son maître eut des biens en excès
Pour gage,
Il lui fut aussitôt rendu
Trois fois plus qu’il n’avait perdu.
Lorsqu’il eut fait ces gains considérables,
Il dit ces stances mémorables :
« Un bœuf avance dans l’ornière
« Selon le geste et la manière
« Dont on l’exhorte doucement
« Il faut parler en le charmant. »
Le Bouddha, qui narrait l’histoire
De ce bœuf à la robe noire,
Ajoutait que si l’animal
Peut agir ainsi bien ou mal,
Selon la parole du maitre
Et le ton de son oraison,
Pour l’homme, ainsi doit-il en être,
À plus forte raison.