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Certain jour il songea : Je gage
Qu’en les suivant soir et matin
J’aurais ma part de leur festin :
— Nobles sires, dit-il, — vous semblez vous entendre
Je viens vous demander si vous voulez me prendre
Pour compagnon de route et de chasse et de jeux.
Le pacte fut conclu par ces mots : « Si tu veux. »
Comme ils faisaient force ripailles,
Le malin eut des victuailles.
Il devint énorme ! Pourtant
N’était-ce pas inquiétant
Il s’en émut, pensant : — « Lion au beau pelage »
Et « Tigre aux belles dents » faisaient fort bon ménage
Avant mon arrivée ; or ils pourraient manquer,
Un jour, de vivres à croquer !
Ce jour là, faute de carnage,
Ce serait moi, n’en doutons pas,
Qui leur servirais de repas !
Il faut que j’use
D’une ruse
Pour faire de ces deux amis
Des ennemis.
Quand ils se haïront, tous deux, par gratitude,
Me traiteront alors avec mansuétude.
Il vint dire au lion : — Le seigneur Belles-Dents