Page:Fabié - La Poésie des bêtes, 1879.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tandis que les grillons, fils de la terre brune,
Grisés par les foins mûrs au capiteux encens,
Écoutent ce concert dont le lustre est la lune
Et les lampions les vers luisants.

Aux moissonneurs courbés qui rentrent au village,
— Leur faucille pendue au cou, l’air plein d’ennui, —
Aux gros bœufs dont les taons font frémir le pelage,
Les crapauds disent : « Bonne nuit ! »

Aux faneurs moins lassés qui montent des prairies
Et de leurs gais propos remplissent le chemin,
Les crapauds, enfoncés dans les mottes fleuries,
Disent : « À demain ! à demain ! »

Au faucheur libertin qui serre le corsage
D’une faneuse, et lui vole quelques baisers,
Le plus vieux des crapauds, — et partant le plus sage,
Murmure : « Assez ! assez ! assez ! »