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Quand l’Allemand, tapi sous bois,
Te couchait sanglant sur la route ;

Lorsque, voyant s’enfuir là-bas
Tes compagnons dans la fumée,
Vers ta mère et ta bien-aimée
Tu criais en tendant les bras,

Et que, derrière une muraille,
Loin du drapeau du régiment,
Tu rendais l’âme en blasphémant
Dans le fracas de la mitraille !…

Combien de ces gais compagnons,
Entre Reichshoffen et la Loire,
Se sont perdus, sans que la gloire
Ait daigné ramasser leurs noms !

Sans qu’à leur agonie amère
Nul être humain ait assisté,