Page:Fabié - La Poésie des bêtes, 1879.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Il tourne lentement ses yeux ronds et stupides,
Et tâche de parer, — en vain, — les coups rapides
De ses gais assaillants, vingt fois moins gros que lui :
Mais le soleil combat pour la troupe joyeuse,
Et le grand duc regrette, hélas ! le tronc d’yeuse
Où l’œil éblouissant du jour n’a jamais lui.

L’essaim des agresseurs autour de lui bourdonne ;
Chacun veut arracher sa plume, chacun donne
Son coup de langue et son coup de bec à la fois.
« Brigand ! » dit le pinson ; « Voleur ! » dit l’alouette.
« Rends-moi mes fils ! — Rends-moi mes œufs, que ta chouette
A mangés ce matin pour s’éclaircir la voix !

— Vieux sorcier ! dit le geai, lui tirant une penne,
Qu’as-tu donc à gémir ainsi qu’une âme en peine,
Lorsque nous dormons tous, à travers la forêt ?
— Sur mon nid, je le sais, tu jetas un augure ;
Mais je t’arracherai les yeux de la figure
Et les cornes du front, foi de chardonneret !