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Pendant que tout cela chante, piaille et fourmille,
Le maigre chat-huant, sur le bord de son trou,
Se plaint amèrement, hélas ! que l’on gaspille,
Ajoutant que, pour lui, faute d’avoir le sou,
Il attend l’an prochain pour marier sa fille ;

Et, braquant ses regards striés de filets d’or
Sur l’horizon lointain que le couchant embrase,
Ivre comme Grandet contemplant son trésor,
Ou comme un alchimiste incliné sur son vase,
Les yeux sur le soleil, lentement il s’endort.

En rêve il voit passer, voguant à pleines voiles,
Des nuages qu’il prend pour de lourds galions ;
Et, comme l’araignée aux mouches tend ses toiles,
L’oiseau, de ses gros yeux absorbant les rayons,
Vole l’or au soleil et l’argent aux étoiles.