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Parfois un champignon monstrueux, sur la mousse,
Au pied des châtaigniers, lève sa tête rousse,
Comme un crâne hideux par la terre vomi.
Tout gonflé de poisons, au soleil il étale,
— Sinistre souvenir de la lutte fatale, —
Ce qui reste d’un traître, ou bien d’un ennemi.
 
Ô châtaigniers ! ô fils robustes des Cévennes !
Vous dont le sang gaulois enfle encore les veines,
Je vous vénère ainsi qu’on vénère les vieux ;
Et j’aime qu’au soleil, au lieu de pâles marbres,
Montent jusques au ciel, drus et forts, les grands arbres,
Qui font chez les enfants revivre les aïeux !


Toulon, le 7 février 1879.