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Car ta sève est féconde, et l’on sent ton artère
Bondir sous le talon qui pensait la tarir ;
Et, dès que l’ennemi ne te tient plus à terre,
Tu sais te relever dans ta douleur austère,
Et sans désespérer travailler et souffrir.

Les bûcherons germains t’ont laissé leur entaille,
Et mille pics têtus, éclos de nos revers,
S’acharnent quelquefois à te livrer bataille.
Réponds par le dédain : leur bec n’est pas de taille
À t’aller jusqu’au cœur, grand arbre aux rameaux verts !

Sois donc calme, et travaille aux revanches prochaines,
France ! Rends à tes fils leurs antiques élans !
Fais que leurs bras soient forts comme ceux de tes chênes,
Et tu pourras briser, comme on brise des chaînes,
Ces frontières d’un jour qui te gênent les flancs.

Ainsi que la forêt patiente et tenace
Qui par de nouveaux jets reconquiert le terrain,