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Le hêtre résistait, mais les coups redoublèrent,
Et l’arbre dit enfin : « Je le veux bien, luttons ! »
Puis, ses longs bras sur l’homme en craquant se courbèrent.
L’homme cria, le tronc rugit, tous deux tombèrent,
Et le bois applaudit dans ses antres profonds.

— Comme une ardente fleur d’où le poison s’exhale,
Et qu’on foule en passant parmi les gazons gras, —
Quand le hêtre croula sous la hache brutale,
Le pivert, étendant ses deux ailes d’or pâle,
Fut écrasé sur l’homme et mourut dans ses bras.
 
Pour faire au bûcheron le sombre habit sans manches
Que l’on ne quitte plus une fois qu’on l’a mis,
On tailla dans le tronc quatre solides planches.
Quant au pivert, on le rejeta sous les branches,
Où son cadavre fut mangé par les fourmis.

Et depuis, la forêt, qui dans ses herbes fraîches
Gardait des arbres morts les faînes et les glands,