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Puis, pour que la besogne au plus tôt fût parfaite,
Le bûcheron au pied et le pivert au faîte
Réveillaient les échos un moment endormis.

Et la noble forêt, lentement dépouillée,
Voyant sa robe verte à ses pieds se flétrir,
D’un indigent tapis de fougère rouillée
Tâchait de revêtir son épaule souillée,
Et pleurait ses fils morts, et se sentait mourir.

Un arbre seulement, — un beau hêtre sans tache, —
Ferme et droit, s’élevait au sommet du coteau.
Dôme vert au printemps, en hiver blanc panache,
L’homme n’avait jamais sur lui porté la hache,
Ni le bec noir du pic troué son blanc manteau.

Mais avec les forfaits grandissait leur audace.
« Après tout, que fait là ce hêtre ? dirent-ils.
— Je trouve qu’à lui seul il tient beaucoup de place ! —
Si nous lui rabattions le chapeau sur la face ?… »
Et tous deux contre lui tournèrent leurs outils.