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RUCHES MORTES


                              À une « Isolée »

MON père avait jadis un superbe rucher
Qui bourdonnait, la nuit, comme une ville en fêtes,
Et dont les seuils laissaient, de l’aurore au coucher,
Vers la bruyère en fleurs fuir leurs milliers d’avettes.

Vivantes balles d’or, dans l’air frais du matin
Elles filaient, vibrant en trajectoires folles,
Et revenaient, le soir, lourdes de leur butin
Et teintes des couleurs des tremblantes corolles.