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Il leur inspirerait un respect grave et tendre
Pour la Forêt, la grande aïeule dont les bras,
Sur l’homme faible et nu, daignent toujours se tendre
Pour l’abriter, pour le nourrir, pour le défendre.
          Et l’endormir quand il est las ;

Il les enchaînerait par mille intimes chaînes
À l’Arbre patriarche, à l’Arbre fraternel ;
Si bien qu’expatriés aux casernes lointaines
Ils songeraient, la nuit, aux cimes de leurs chênes
          Ondulant en signe d’appel,

Et, sitôt libérés, retourneraient vers elles
Et vers le toit qu’elles protègent des grands vents,
Retrouver leurs amours sous leurs ombres fidèles,
Puis sèmeraient des glands pour des forêts nouvelles
          Que verraient croître leurs enfants.