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En été, les galants y sont cent fois venus
Parler d’amour, le soir, à leurs fraîches promises,
Simples filles de ferme aux baisers ingénus
Et chastes, qui tremblaient toujours d’être surprise

Et d’entendre soudain crépiter sur les houx
La charge de gros plomb d’un vieux fusil à pierre
Dont le rude Pagès* s’armait contre les loups
Et les rôdeurs marchant furtifs vers sa lumière…

Et que de fois aussi, quand nous étions enfants,
Mère-grand nous conta que, lorsque l’autan gronde
Les pauvres trépassés délaissés des vivants
Autour des noirs massifs viennent faire leur ronde

Traîner de longs linceuls et pleurer et gémir,
Redemandant beaucoup de Pater et de messes,
Et souvent jusqu’à l’aube empêcher de dormir
Leurs âpres héritiers oublieux des promesses.

*Paysan aisé.