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Tout amuse et distrait. Et quand l’estomac clame,
Dans un tronc caverneux où, l’hiver, le loir dort,
Les marmots font griller sur la fougère en flamme
         Les châtaignes de sucre et d’or.

Le soir on s’en retourne à la ferme lointaine,
Beaucoup moins las qu’au temps des foins et des moissons
La jupe un peu trempée, ou le tricot de laine,
         Mais la lèvre ouverte aux chansons.

Un brouillard fin bleuit la cime des futaies
Que le vent du midi berce en les effeuillant ;
Le long du chemin creux le merle dans les haies
        Sautille et s’enfuit en riant,

Parce que, sous le houx épais qui les protège
Au détour du chemin et leur permet d’oser,
Il a surpris un jeune échappé de collège
        Dérobant à Rose un baiser…

Une idylle d’automne, aussi douce et plus pure
Que celles qu’abritaient les cerisiers en fleurs ;
A qui ne manque rien, — pas même la torture
        De l’adieu prochain et des pleurs…