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Et que j’ai mieux compris, mieux aimé, mieux chanté
Mes bois ombreux et mes bruyères virginales,
Mon clocher, comme un chêne à l’air libre planté,
Mon pays de fraîcheur, de sève et de santé 1

Et je te dois aussi quelques nobles tendresses
Qui se prolongeront en de pieux regrets ;
Car, — ainsi que parfois sur le bord d’un marais
Ourlé de fleurs de fange aux malsaines ivresses
S’ouvrent comme des yeux quelques calices frais, —
Sur les berges du lac trouble où sans fin tournoie
Ta foule qui s’amuse et se grise et se noie,
J’ai rencontré des cœurs, aussitôt reconnus
Pour frères, s’isolant de la commune joie,
De mon pays ou de pays pareils venus,
Naïfs, et se berçant de mes airs ingénus.

Adieu, Paris, adieu. — De la légère trace
Qu’ont pu sur tes pavés où tout l’univers passe
Imprimer un instant mes talons de terrien
Je sais trop que ce soir il ne restera rien,
Et que mes vers chantant mon clocher et ma race,
Mes vers les plus aimés, dont j’avais quelque orgueil,
Disparaîtront de la vitrine et du recueil,