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T’élevant d’un degré par le sens et le verbe,
Conduisant ton village à des destins nouveaux,
Puis tombant tout à coup sous l’invisible faux
Qui couche les plus forts avant l’heure dans l’herbe,
Et met le moissonneur en croix sur une gerbe…
Elle est pleine de toi, notre vieille maison ;
J’y retrouve partout ton rire et ta chanson
Et ta parole vive et ta main diligente ;
— Et même, dans un coin de la chambre indigente
Où nous avions vécu, les cœurs à l’unisson,
Tant de jours radieux d’une enfance bénie.
Et d’où tu m’appelas en vain dans l’agonie, —
Il me semble revoir ton profil dessiné
Par la lueur du cierge au mur badigeonné,
Ton fin profil, rigide et cependant fragile.
Tel qu’une heure la Mort le fixe en notre argile
Avant que le linceul dérobe sous ses plis
Nos pauvres yeux éteints et nos traits abolis.

VII


Quoi ! ce n’était donc pas assez dans ma demeure
De ces pâles portraits de mes défunts aimés ?
Et fallait-il encor, sur ces murs enfumés,
Placer le tien, petite sœur en hâte, à l’heure