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Je n’ai pu recueillir ni ton suprême vœu
Ni ton dernier regard avant d’aller à Dieu.
Que dis-je ? Je n’ai pas même une pauvre image
À mettre sur le mur où mon regard souvent
Te cherche en vain entre mon père et mon enfant.
Mais en moi, tout au fond de moi, toujours surnage
Ta face auguste où l’âme était visible aux yeux,
Comme en la source claire une lueur des cieux.
Et je te vois partout, vivre comme l’abeille,
Reine à la basse-cour le matin et le soir,
Et meunière au moulin, et laveuse au lavoir,
Et fileuse au foyer durant la longue veille,
Et le Dimanche, heureuse, en extase, à genoux
Dans la petite église où tu priais pour nous…
Ô mère à qui revient le meilleur de moi-même.
Veille sur moi toujours et sur tous ceux que j’aime !

VI


Et toi, qui de la race avais tout hérité,
Sauf le rêve, esprit fait de joie et de clarté,
Frère qui maniais la charrue et la hache,
Ainsi que de tout temps avaient fait nos aïeux,
Continuant au même endroit la même tâche,
Et, plus expert, faisant plus vite et faisant mieux ;