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D’où montaient des rumeurs et des souffles puissants.
Elle se souvenait du Roi, de Robespierre,
De la Peur, — temps affreux où seigneurs et curés
Étaient traqués ainsi que loups par les fourrés,
Tandis que les châteaux s’écroulaient pierre à pierre,
Ou flambaient, éclairant les bois et la bruyère,
Sous la torche ou le soc des gueux exaspérés…
— Puis c’était Bonaparte et des guerres ! des guerres !…
Tous les hommes partis pour Vienne ou pour Moscou,
Sauf les infirmes et les vieillards — et les mères !
Les mères à qui l’on annonçait tout à coup
Que leur fils était mort dans un jour de victoire,
Et qu’il fallait encor reprendre dans l’armoire
Le grand voile de crêpe et l’ample mante noire…
Ah ! certes, ce n’est pas ta faute, Grand’Maman,
je n’écris poème épique ni roman !


III



Voici l’oncle Joseph, le Gaulois, le poète,
L’étourdissant conteur, le vieux garçon joyeux,
Une âme d’inventeur, un gosier d’alouette,
Et tout le ciel et tout le rire dans ses yeux !
Ah ! comme il nous aimait ! et comme l’allégresse
Au seul son de sa voix entrait à la maison !