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C’est le porche tout noir où tantôt en hurlant
L’eau bouillonne, étincelle et bondit, affolant
          La palette en bois qu’elle effleure ;
Où tantôt, lorsque dort le petit moulin blanc,
La naïade captive en gouttelettes pleure ;

Un endroit formidable et propice aux effrois,
Nourrissant des crapauds pustuleux, noirs et froids,
           D’horribles anguilles rampantes,
Peut-être des serpents dans les trous des parois,
Sous d’affreux végétaux aux feuilles retombantes.





Les petits écoliers, pour pêcher des goujons,
S’aventurent parfois, en écartant les joncs,
          Jusqu’en la caverne abhorrée ;
Mais aux moindres rumeurs suspectes, aux plongeons
Des grenouilles trouant de cercles l’eau moirée,

Ils courent éperdus vers le jour radieux,
Tremblant que le meunier malin, comme des cieux,
          Ne fasse crouler sur leurs têtes
Les torrents d’eau de son étang tumultueux,
Qui vous poursuivent en grondant comme des bêtes.