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il y a une table de pierre dure, sur laquelle est un tableau de bois fort ancien, représentant saint Martin. Cette table sert pour mettre les ornements, et le prêtre s’habille dessus.

La chapelle est pavée de brique[1]. Le bénitier de pierre est à gauche en entrant dans la chapelle.

Il n’y a auprès de la chapelle qu’une maison, appartenant à Mme la marquise de Vence, où elle tient un fermier[2]. Les terres qui sont autour lui appartiennent.’ M. l’abbé de Vence les avait achetées d’un bourgeois de Vence. A cinquante pas de là on voit de vieilles masures d’un ancien château appartenant à la maison de Vence[3]. On appelle ce lieu le terroir de Bastide. Ils prétendent en être seuls seigneurs[4]. Dans le voisinage, quelques bastides, habitées seulement pendant quelques mois de l’année.

On dit la messe à la chapelle le jour de Saint-Martin. Mme de Vence est en coutume de la payer. On la dit aussi quelquefois le jour de Saint-Laurent qui est un jour de dévotion pour la chapelle, parce qu’il y avait autrefois un village au-dessus qui s’appelait Saint-Laurent. On y voit encore plusieurs masures et des vestiges de l’église paroissiale qui y était[5].

[169] Cette chapelle n’a point de revenus. M. l’abbé de Vence, chanoine, l’entretenait. Maintenant elle est comme abandonnée. Il faudra prier Mme de Vence de vouloir bien donner des ordres pour la tenir couverte, Au-dessus du toit, un peu en deçà de l’autel, est une petite cloche, suspendue à un clocher composé de deux fenêtres de pierre[6].

Il y a dans la chapelle un prie-Dieu, et dans l’angle de la muraille, du côté du midi, en dehors de l’autel, une pierre de taille sur laquelle est une inscription en lettres gothiques qu'on n'a pas pu lire[7]. Dans l’entre-deux du toit de l’enfoncement où est l’autel et de celui du reste de la chapelle, il y a dans la muraille deux petites fenêtres rondes qui ne paraissent pas avoir jamais été garnies de châssis ou de vitres[8].

Le logement pour l’ermite est contigu à la chapelle. Il est vouté. On a séparé l’espace jusqu’à la voute en deux, par un plancher de bois qui forme une espèce d’entresol. Le dessus servait de sacristie[9]. Le frère nous a dit qu’il en avait fait murer la porte, par permission de notre prédécesseur et qu’il y couchait. Le logement est étroit et ne contient

  1. Une partie de ce pavage subsiste.
  2. La marquise de Vence : Jeanne Millot, dame de Courmettes, veuve de François-Sextius de Villeneuve, tué en 1708 dans un duel. D’après Juigné de L. , op. cit., vol. 1, p. 279.
  3. On reconnaît là les masures, c’est-à-dire les ruines, de l’ancien château de Saint-Martin, dit tardivement et sans doute abusivement, château des Templiers. Ces ruines appartiennent, aux Temps modernes, aux Villeneuve-Vence.
  4. Le terroir de Saint-Laurent de la Bastide, ou encore de la Bastide de Saint-Laurent, formait un prieuré en 1315. A la fin du XVe siècle, le seigneur de Vence, qui ne portait pas alors le titre de marquis, ni même celui de baron, prétendait en être le seul seigneur, excluant ainsi l’évêque, coseigneur de Vence. Tout renseignement sur les limites de ce terroir est précieux.
  5. Il s’agit des ruines qui sont au sommet du baou des Blancs.
  6. 416 sous la Révolution, la commune donne l’ordre au propriétaire de la chapelle d’abattre ce clocher.
  7. Une inscription en caractères gothiques : allusion à une inscription de l’époque gallo-romaine. Il y en a une toujours en place, visible sur le mur d’un bâtiment.
  8. Les fenêtres rondes existent toujours.
  9. Ce logement et une partie des voutes subsistent. La hauteur actuelle des voutes donne à penser que "le dessus" ne pouvait être que fort bas de plafond.