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Du vendredi 17e juillet 1716

[161] Après avoir entendu la sainte messe que notre aumônier a dite, nous sommes allé chez le sieur prévôt. Il nous a conduit dans toutes les chambres de sa maison[1].

Le premier étage consiste en une salle, sans chambre, et quelques bouges et armoires ou cabinets. Le dessus contient un grand grenier et une chambre pour tenir des meubles. Dans le bas il y a une cave et un bûcher. Le degré est dans la cour, en dehors de la maison. Les premières rampes sont communes pour le degré qui va sur la tribune ou galerie de l’église, du côté gauche. Il est de pierre dure. Il faudra y mettre un garde-fou avec une main courante[2]. La porte d’entrée de la maison qui est au haut du degré paraît fort ancienne. Elle est en sculpture, d'un ouvrage gothique[3].

La maison est en assez bon état. Il y a quelques réparations de peu d’importance à faire, auxquelles le sieur prévôt nous a promis de faire travailler, et même d’y faire quelques améliorations et embellissements.

Maison de la maîtrise

[162] Au sortir de la maison du sieur prévôt, nous sommes entré dans celle de la maîtrise dont l’entrée est au fond de la cour, à droite et vis-à-vis celle du sieur prévôt[4]Nous y avons trouvé le sieur Mousnier, bénéficier, qui a soin des enfants de chœur, Elle n’est pas fort grande. On en a même pris une chambre quand on a élevé les voutes des chapelles au-dessus desquelles était cette chambre[5]. Dans le premier étage il y a deux chambres et un cabinet obscur.

Les meubles qui y étaient autrefois sont presque tous perdus ou dissipés. Dans la chambre qui sert d’école pour les enfants il y a deux tables et deux bancs. Et dans l’autre, un coffre dans lequel il y a quelque peu de linge qui servait autrefois à l’usage du ménage que le maître de musique tenait pour nourrir les enfants. Le sieur Trastour, économe, qui nous est venu joindre, nous a promis de faire un état exact de tous les meubles et du linge qui reste, et d’en remettre un double au chapitre, et même de nous en donner un si nous (le) souhaitons.

Nous sommes monté au second étage qui est occupé par le campanier laïque depuis que les enfants ne demeurent plus ensemble. Cet étage est sous

  1. Cette maison appartient à la prévôté, non au prévôt personnellement.
  2. Bouge a le sens de petite pièce obscure. Le degré est l’escalier. Cet escalier situé dans une petite cour qui donne sur la rue de l’évêché, existe toujours. Il est en effet commun avec l’escalier qui permet d’accéder au clocher. On ne peut plus aller aux tribunes, aujourd’hui, en passant par là. La "salle du premier étage", c’est-à-dire du rez-de-chaussée, est sans doute la seule partie logeable de cette maison.
  3. C’est la fameuse porte de la prévôté, aujourd’hui conservée dans l’église, depuis la fin du XIXe siècle, grâce à un don du curé Bruny. Aux Temps modernes, gothique a souvent le sens d’ancien, d’étrange, d’irrégulier, de non-classique. Ici le mot convient parfaitement.
  4. Malgré ces précisions, on ignore où cette maîtrise se trouvait.
  5. Il s’agit des chapelles qui sont dans le bas-côté nord de l’église. On a vu que les chapelles de l’église ont fait l’objet de réparations (cf. § 117).