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tableaux de vœu de quelques particuliers[1], plus deux véroniques[2]. Et une carte sur laquelle sont écrites les litanies de la Vierge.

Nous avons trouvé aussi dans ladite chapelle un tableau presque neuf, sans cadre, de la hauteur de six pans environ, représentant Jésus-Christ dans sa flagellation. Il faut rattacher contre la muraille, à droite ou à gauche de l’autel.

Les meubles de la chapelle consistent en deux nappes que nous avons trouvées sur l’autel, celle de dessous pliée en deux mais trop courte et trop étroite. Les gradins ont été peints et le devant d’autel n’était aussi qu’une peinture sur du papier collé sur du plâtre. Mais cette peinture est presque effacée et le papier manque en plusieurs endroits.

[158] La voute est de maçonnerie, en anse de panier. Le dedans de la chapelle est assez propre. Les murailles et la voute ont été blanchies depuis une quinzaine d’années. Le toit est bon. On a soin de l’entretenir, ce sont les voisins. Elle est pavée de brique.

Il y a une petite lampe de cuivre qu’on allume à Noël et à Pâques, et aux fêtes de fa Vierge. Elle brûlait autrefois tous les samedis. On se servait pour l’entretenir de l’huile que rendaient deux oliviers qui étaient dans un petit coin de terre qui ne tiendrait pas plus d’un demi-picotin de semence et qui est à côté et au levant de ladite chapelle, et qui dépend de ladite chapelle. Mais on a cessé de l’allumer les samedis, depuis la mortalité des oliviers. Ce terrain est inculte, il est dans un endroit pierreux et sablonneux qui ne rend rien.

Le pavé de la chapelle est de brique, en bon état. Il y a une avant-chapelle qui couvre le grand chemin et qui l’occupe, en sorte qu’on passe dessous, étant ouverte des deux côtés du chemin par deux arcs de pierre[3]. Cette avancée a été faite par les voisins depuis une trentaine d’années, longtemps après la bâtisse de la chapelle.

Les autrefois cette chapelle était plus fréquentée, par ceux surtout qui entreprenaient le voyage d’Espagne, ou en pèlerinage ou dans le dessein d’y négocier[4]. Ils donnaient tous quelque chose pour l’entretien de la chapelle et la plupart faisaient dire des messes. Cette dévotion n’est guère plus pratiquée. Le sieur André nous a dit qu’il avait entre les mains 12 livres, savoir 6 livres qu’un nommé Jean Blanc, de Vence, lui donna en partant pour Saint-Jacques

  1. Deux ex-veto.
  2. Deux véroniques : Oswald Baudot indique ne savoir ce que c’est.
  3. "Qui couvre le grand chemin". Lecture incertaine, peut-être "qui recouvre". Mgr Bourchenu avait commencé d’écrire "en sorte que les passants", qu’il a rayé pour ne pas dire que les passants passaient dessous. Le renseignements est précieux de deux façons. D’abord parce que les lieux ont changé et l’ancienne route de Grasse passe maintenant en contrebas de la chapelle, Ensuite parce qu’il existe à Lorgues, dans le Var, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Bon Voyage qui présente la même particularité d’une avant-chapelle recouvrant le chemin (d’après Gaby et Michel Vovelle, Vision de la mort et de l’au-delà en Provence, d’après les autels des âmes du purgatoire XVe-XXe siècles, Paris, 1970, p. 16). On a là les indices d’un chemin de pèlerinage qui sans doute depuis Saint-Laurent du Var et Cagnes, montait à Vence, et par Grasse, Draguignan et Lorgues gagnait la Basse Provence.
  4. 390 "Le voyage d’Espagne". On trouve en effet dans les documents de nombreuses indications d’une émigration des Vençois vers l’Espagne. Le pèlerinage est évidemment celui de Saint-Jacques de Compostelle, donc toujours bien vivant dans l’esprit public vers la fin du XVIIe siècle, si cette avant-chapelle a été construite vers 1685 (une trentaine d’années plus tôt).