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Sainte-Elisabeth

Du samedi, 11e juillet 1716

[148] Sur les six heures du soir nous nous sommes mis en chemin pour nous rendre, avec le sieur Decormis, archidiacre de notre église cathédrale, le sieur Geoffroi, le sieur de Guigues, le sieur Bau et le sieur Vacquier, et notre aumônier,

à la chapelle de Sainte-Elisabeth, au quartier des Squairons[1], sur le chemin de Saint-Paul, à un quart de lieue de Vence. Lesdits sieurs susnommés ayant voulu nous accompagner comme s’intéressant tous à l’entretien et au rétablissement de ladite chapelle, ayant des fonds et leurs bastides aux environs d’icelle.

Etant arrivé audit lieu, nous sommes entré dans ladite chapelle. Nous avons fait notre prière au pied de l’autel et nous avons dit une antienne de l’office du jour de la Visitation de la Sainte-Vierge, avec le verset et l’oraison.

Nous nous sommes informé de l’état de ladite chapelle, de ses revenus, du temps qu’elle a été baie, de la dévotion qu’on y avait et du culte qu’on y faisait. On nous a dit qu’on ne savait pas quand elle a été bâtie, qu’on croyait qu’elle avait été rétablie en 1624[2]. Il y avait autrefois un fonds dépendant d’icelle, qui est au-devant, le chemin entre deux, du côté du levant. Il avait été donné par le sieur Clemes[3], prêtre, vicaire de Saint-Paul, qui l’avait acheté pour la dater. Il pouvait valoir 150 livres. Les arrérages de taille ont consommé le prix et la valeur de ladite terre, il y a plus de trente ans. Elle est maintenant possédée par les héritiers d’André Dalmassi.

[149] La chapelle est fort négligée. La table de l’autel est d’une pierre de taille. Il n’y a point de pierre sacrée, point de parement d’autel. Sur le gradin, qui est de plâtre, il y a deux chandeliers de bois, fort matériels, et une croix de bois noir sans crucifix. Le parement dudit gradin est peint de différentes figures de saintes dont les noms sont écrits au-dessus. Ces figures ont besoin d’être retouchées.

L’on a peint sur la muraille le mystère de la Visitation, avec des ornements à côté pour figurer un tableau avec son cadre. Aux deux côtés de ce tableau, et en dehors de l’autel, on y a peint en grand saint Pierre et saint Paul. Il parait que la voute et les murailles étaient peintes de différentes figures et représentations. Tout est presque effacé maintenant. Il faudrait ou rétablir la peinture ou faire blanchir les murailles et la voute[4].

Le couvert a besoin d’être réparé. Il y a une avant-chapelle dont les côtés sont fermés par des murailles à hauteur d’appui. Le devant en est tout ouvert.

  1. Le quartiers des Cairons. Le -s initial vient peut-être d’une prononciation provençale de "des", faisant sonner le -s.
  2. En 1624, donc sous l’épiscopat de Pierre Du Vair, renseignement qui ne se trouve pas dans les documents de cet épiscopat.
  3. Clemes, lecture incertaine. Peut-être Clément, alors écrit Clémens.
  4. Sur les fresques de Sainte-Elisabeth, on conserve un prix-fait du peintre Jacques Canavèsi, datant de 1491. Pour le détail des scènes figurées, voir Marguerite Roques, Les Peintures murales du sud-est de la France, XIIe au XVIe siècles, Paris 1961, pp. 338-340 et pl. LII. L’auteur ne voit point de Visitation, mais un Christ en majesté dans une mandorle ; point de Pierre et Paul, mais quatre docteurs de l’église, Grégoire, Jérôme, Ambroise et Augustin.