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la chapelle. Celle qui regarde sur le sanctuaire est une grande fenêtre terminée en rond par le haut qui doit être fermée, du moins en dedans de l’appartement. On peut y laisser une fenêtre feinte au-dedans de la chapelle, pour figurer avec celle qui est vis-à-vis.

Il y a encore un bouge, au fond du passage d’une chambre à l’autre.

Le dessus desdites chambres est sous le toit. Il est séparé en trois ou quatre chambres dont l’une a un plancher. Nous y avons trouvé vingt-trois chevrons préparés pour réparer le toit. On les a faits de deux chênes coupés dans les fonds de la chapelle.

[146] Nous sommes monté sur la voute de la chapelle. Le couvert a besoin de beaucoup de réparations, plusieurs demi-poutres ou doubliers étant pourris. Il pleut en quelques endroits de la chapelle. Le reste du toit est assez bon.

Il y a deux petits jardins dont le frère a sain, et une citerne dans le passage d’un jardin à l’autre qui donne de l’eau pour l’usage du frère et pour l’arrosage du jardin. Il y a au bas, à plain pied de la cuisine, et de l’autre côté, un bûcher ou boutique.

Le. frère s’appelle Marc de Saint-Jean. Il est de la Roque d’Estéron, de la comté de Nice, dans l’évêché de Glandèves[1]. Il a quarante cinq ans. Il a été soldat dans le régiment de la Lande pendant treize ans. Il a demeuré dans l’ermitage de Saint-Martin, au-dessus de Vence, sur la montagne. Il est à Notre-Dame de la Rat depuis trois ans. Il porte l’habit d’ermite de Saint-Antoine qui lui fut donné par M. de Crillon, archevêque de Vienne, notre prédécesseur, en 1710, M. le théologal lui donna des lettres en 1713 pour changer de demeure et s’établir à Notre-Dame de Larrat. Avant lui, c’était un frère nommé Antoine, du même ordre[2]. Il est maintenant à Coursegoules.

Nous nous sommes retiré sur les onze heures et demi. Et attendu le mauvais temps et le vent violent qu’il fait, nous avons renvoyé la continuation de notre visite à demain matin.

Cette chapelle est fréquentée. Plusieurs des habitants, et surtout des femmes, s’y rendent sur la fin du jour pour y faire leur prière, et principalement les dimanches et fêtes.

  1. " La Roque d’Estéron", on reconnaît le nom ancien de Roquestéron.
  2. Il faut noter que ces ermites ne sont pas des "individuels" mais qu’ils appartiennent à un ordre religieux, celui des Ermites de Saint-Antoine.