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Saint-Pierre

Du jeudi 9e juillet 1716

[122] Nous nous sommes rendu sur les sept heures à la chapelle de Saint-Pierre, hors la ville, sur le chemin de Grasse[1], en rochet et en camail, accompagné des sieurs archidiacre, capiscol, du sieur Vaquier, curé, et autres. On croit que c’est la plus ancienne de tout le terroir[2], Elle n’est pas fondée. Le tableau de l’autel, qui est fort. vieux, représente saint Pierre, saint Bruno et saint Louis[3].

Sur l’autel il y a un crucifix de bois, deux chandeliers de laiton, un te igittrr fort usé, une pierre sacrée, deux nappes usées, un parement d’autel de toile peinte. Il y a une lampe sans verre, une cloche sur le toit de la chapelle.

[123] Elle n’est pas fondée. On y dit la messe le jour de Saint-Pierre et celui de Saint-Bruno, par dévotion. Le sieur Pierre Aaynaud, qui avait été curé de Vence et qui est mort bénéficier, avait soin de cette chapelle. Il avait des ornements qu’il avait destinés à l’usage de cette chapelle, et de celle de Saint-Martin, sur la montagne. Il voulait les donner, mais il est mort sans tester et le sieur Broc, son neveu, ne veut pas les laisser entièrement. Il les prête seulement, les jours qu’on y dit la messe, Il y a un calice, un missel, six chandeliers de bois argenté, une croix, des nappes, des aubes, six vases de bois argenté.

Le marchepied de l’autel, qui est de pierre, a besoin de quelques réparations et d’être revêtu de bois.

Le sieur Broc a la clef de la chapelle. Il a soin de la réparer. Mais comme il doit se retirer bientôt à Marseille avec sa famille, nous avons chargé le sieur Vaquier, curé, d’en avoir soin à l’avenir, et nous avons nommé le sieur Joseph Maurel, marchand, pour recteur sous ledit curé[4].

[124] L’ancien titre de la chapelle était Saint-Yves. On y a dit longtemps la messe le jour de ce saint. Maintenant les gens de pratique font leur dévotion à la chapelle des pénitents blancs où ils ont transféré le tableau de Saint-Yves[5].

C’était la chapelle des pénitents blancs qui était dédiée à Saint-Yves. Les gens de pratique y font dire une messe le jour du saint[6].

  1. Le chemin de Grasse. c’est l’avenue Henri-Isnard actuelle.
  2. Quelle soit la plus ancienne, Daurelle, qui n’avait certainement pas lu la visite de Bourchenu, le dit aussi dans Vence et ses monuments, Vence, 1934, p. 176. Elle est mentionnée dans le pouillé de 1496.
  3. Encore une notation précieuse car unique. Sans elle nous ignorerions cette dévotion, aussi ancienne que le tableau, pour saint Bruno, fondateur des Chartreux (1040-1106), et pour saint Louis qui, en Provence, n’est pas le roi de France, mais saint Louis de Brignoles (1274-1297), dit aussi de Toulouse, dont il fut évêque.
  4. Ici encore, comme plus haut à Saint-Pancrace, un ecclésiastique est substitué à un recteur laïque. Celui-ci est conservé mais il devient un subordonné.
  5. Les gens de pratiques ou praticiens : les avocats et conseillers juridiques, notaires etc, dont saint Yves est le patron. Autre confrérie de métier.
  6. Ce paragraphe est difficile à lire à cause des corrections que l’auteur a apportées. Bourchenu avait d’abord écrit : "L’ancien titre de la chapelle était Saint-Yves. On y a dit longtemps la messe le jour de ce saint. Maintenant les gens de pratique font leurs dévotions à la chapelle des pénitents blancs où ils ont transféré le tableau de Saint-Yves". Puis il s’est corrigé, rayant la première partie de la phrase, ne laissant subsister que : "les gens de pratique font leurs dévotions etc.". Et il a ajouté à la marge : "C’était la chapelle des pénitents blancs qui était dédiée à Saint-Yves. Les gens de pratique y font dire une messe le jour du saint". Tout ceci me laisse perplexe parce qu’on trouve mention, dans les registres des délibérations de la communauté de la deuxième moitié du XVIe siècle, à la fois d’une chapelle Saint-Yves et de la chapelle des pénitents désignée sous le titre de Saint-Bernardin. Pour compliquer la situation, on y trouve également mention d’une chapelle Saint-Tirs ou Saint-Tyrs, d’ont le nom, dans la graphie de l’époque, peut se confondre avec celui d’Yves. La question demande à être réexaminée.