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Tous les cierges qu’ils fournissent sont jaunes. Ils en donnent à tout le clergé aux processions du troisième dimanche des mois et à celles du jour de la Fête-Dieu et de l’octave. Ils en doivent fournir un blanc pour l’évêque, que son aumônier porte. Les autrefois ceux qu’ils donnaient aux prêtres étaient blancs aussi[1]. [23] La confrérie a un banc[2] contre le pilier du milieu, à gauche de l’église, au-dessus duquel est un petit tableau du Saint-Sacrement. Il est tourné de côté et appuyé contre le pilier. Elle a aussi un banc de la confrérie de Saint-Lambert, au pilier vis-à-vis, tourné vers le maître-autel. Il y a aussi une grande garde-robe[3] où on met les meubles et les flambeaux de la confrérie. Il est au-dessous du degré du fond de l’église[4], Notre-Dame du Rosaire [24] La chapelle de Notre-Dame du saint Rosaire a une confrérie. M. Decormis, archidiacre, le sieur François Vacquier et le sieur Rémi Signoret en sont recteurs depuis 1703. Il y a quatre chandeliers de laiton sur l’autel, quatre anges de bois doré, quatre vases de bois doré pour tenir des fleurs. Une figure de la Sainte Vierge tenant l’Enfant Jésus, au milieu, ornée et couverte d’une étoffe de soie, avec deux petites croix, l’une d’argent, l’autre de vermeil[5]. Le grand tableau représente la sainte Vierge au milieu, et sur les côtés, différentes circonstances de la vie et de l’histoire de Jésus-Christs[6]. [25] Il y a une fondation de 62 livres 10 sous dont le sieur Colas, vicaire de la Gaude, est pourvu. Le patron qui a nommé le sieur vicaire est M. d’Aspremont, du comté de Nice. Les héritiers de M. de la Gaude sont chargés du paiement, ayant les fonds sur lesquels est assignée ladite fondation. Ledit sieur vicaire est obligé à deux messes par semaine. Dame Lucrèce d’Aspremont en est la fondatrice[7]. Il faut s’informer dudit sieur vicaire s’il dit les messes et pourquoi on ne les dit pas à la chapelle. Ledit sieur vicaire, à qui nous avons parlé mardi 7e juillet[8] nous a dit que le sieur Courmette, sous-sacristain, s’était chargé depuis la mort du sieur d’Olonne, bénéficier, de dire pour lui les deux messes dans ladite chapelle. Il nous a demandé en même temps de transférer le service à son église. Nous avons renvoyé sa demande jusqu’à ce qu’il nous ait fait voir la fondation de cette chapellenie[9]. La visite de M. de Godeau, de 1666, dit que la chapelle vaut 25 écus, qu’on y doit dire une messe par jours[10]. Le sieur Savournin nous a dit avoir l’acte de fondation, parce que feu son oncle était

  1. On voit qu’il y a deux qualités de cire, la blanche et la jaune, jaune, la blanche étant plus estimée.
  2. La question des bancs est importante, dans des églises dépourvues de chaises, et où les bancs sont source de procès.
  3. Bourchenu fait garde-robe du masculin.
  4. Les meubles: les objets mobiliers, et non meubles meublants. Le degré: les escaliers.
  5. Une figure: une statue. L’usage d’habiller les statues et de les parer généralement répandu.
  6. Dans la chapelle du Rosaire actuelle, le tableau du milieu a disparu. Seuls les "mystères" qui l’entouraient sont conservés.
  7. La fondatrice paraît être Françoise Lucrèce de Villeneuve (1577-1635), fille de Claude, baron de Vence, qui épousa en 1601 Annibal de Bourillon, comte d’Aspremont au comté de Nice, selon Juigné de Lassigny, Hist. de la maison de Villeneuve en Prov., Lyon, 1900, vol 1, p. 272. M. de la Gaude, dont les héritiers versent la pension, paraît être Claude de Villeneuve-Thorenc, dit le marquis de la Gaude, (1643-1703), selon Juigné de Lassigny, op. cit, vol. 1, p. 291-292.
  8. Ceci est évidemment ajouté après coup, puisque dans le procès-verbal nous n’en sommes encore qu’au premier juillet.
  9. On voit ici le mécanisme d’une chapellenie dans toute sa complexité. La fondatrice a constitué un capital de 62 livres et demie dont les intérêts doivent servir à rémunérer deux messes hebdomadaires, à célébrer dans la chapelle du Rosaire de l’église de Vence. Ses héritiers ou plutôt ceux de son mari ont le juspatronat, c’est-à-dire le pouvoir de désigner le chapelain. Ils ont choisi pour cela le vicaire de La Gaude, c’est-à-dire le desservant titulaire de cette paroisse. Le capital est resté entre les mains des héritiers de la fondatrice, les seigneurs de la Gaude. C’est eux qui versent annuellement les intérêts du capital au chapelain. Comme ce dernier ne peut pas se déplacer à Vence deux fois par semaine, il a chargé des prêtres résidant à Vence (le sieur d’Olonne puis le sous-sacristain) de dire les messes à sa place. Il demande à l’évêque d’autoriser, en vertu des pouvoirs qui lui sont propres, que ces messes soient célébrées dans l’église de La Gaude. L’évêque demande à voir l’acte de cette fondation.
  10. Cette visite de Mgr Godeau est conservée (Archives départementales des Alpes-Maritimes, G 1236). Mgr Godeau dit qu’il y a une fondation de 25 écus de rente, la fondatrice étant la dame Lucrèce de Villeneuve, comtesse d’Aspremont. Il semble parler de quelqu’un qui est toujours en vie et qui, par conséquent ne doit pas être la même dont nous avons parlé note 104 ci-dessus. S’agit-il de la même chapellenie ? On en peut douter, car des revenus de 25 écus énorme pour l’époque, correspondent à un capital de 500 écus, soit 1500 livres à 5 %. En outre le service est d’une messe journalière. Peut-on penser toutefois que la même fondatrice ait fondé deux chapellenies différentes au même autel, en leur assignant des capitaux d’un montant si différent?