Page:FRAD006 G1259.pdf/1

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1/

Visite de la cathédrale, de ses dépendances et des chapelles situées dans le terroir de Vence

Du mardi 30e juin 1716

[1] Ayant été obligé de différer la visite de notre cathédrale à cause des différents voyages que notes avons faits à Aix pour les affaires de la provinces[1], comme aussi parce que la conjoncture du temps et des affaires ne nous a pas permis de la faire d’abord après avoir fini celle des paroisses du diocèse[2], nous avons cru devoir remplir cette obligation, si nécessaire pour le bien et l’avantage de l’Eglise et de tous les habitants de cette ville, maintenant que toutes les fêtes qui suivent celle de pâques sont passées. C’est dans ce dessein que nous fîmes savoir à l’économe de notre cathédrale que nous commencerions l’exercice de notre visite aujourd’hui, mardi 30e juin 1716, afin qu’il en avertit tous ceux qui composent le chapitre[3].

[2] Nous fimes donner le même avis aux sieurs maire et consuls. Nous chargeâmes le sieur Vacquier, l’un des curés, d’en informer le peuple dans le prône de dimanche dernier, 28e de ce moise[4]. Et hier, 29e juin, sur les huit heures du soir, on l’annonça aussi à toute la ville par le son des cloches.

[3] En conséquence de quoi ce jourd’hui, sur les sept heures du matin, nous étant revêtu de notre rochet et de notre camail, nous avons trouvé dans notre salle les sieurs Decormis, chanoine, archidiacre, et Trastour, chanoine et économe de notre cathédrale, qui nous attendaient avec les maire et consuls en chaperon et le greffier de la villes[5].

Nous nous sommes rendu à la grande porte de l’église où nous avons trouvé les sieurs chanoines et bénéficiers de l’église, qui nous attendaient avec la croix, le sieur prévôt revêtu d’une chapes[6]. Nous nous sommes mis à genoux sur un prié-Dieu et nous avons baisé la croix que le sieur prévôt nous a présentée. Nous avons pris l’étole de ses mains. Nous avons mis de l’encens dans l’encensoir, et ayant pris et donné de l’eau bénite avec le goupillon qu’il nous a offert, il nous a encensé trois coups[7].

  1. L’évêque de Vence avait été nommé procureur du pays par une assemblée des communautés de Provence. Depuis la suppression des États en 1639, l’évêque ainsi désigné conservait cette charge et la transmettait à son successeur. Sur la situation dans laquelle se trouvaient les assemblées du fait de la suppression des États, voir Hildesheimer, Les Provence, Paris, 1935, p. 90-93.
  2. Bourchenu a visité le diocèse du 26 août au 2 novembre 1715.
  3. Le chapitre est prieur primitif de Vence. À ce titre, il a la charge de la cathédrale. Chaque année il élit en son sein un des chanoines qui est chargé de gérer ses affaires sous le titre d’économe.
  4. Vence forme une seule paroisse, desservie par deux curés perpétuels qui sont semainiers, c’est-à-dire qu’ils servent la paroisse alternativement, une semaine chacun. On verra que la semaine où ils ne servent pas au sanctuaire, ils servent dans le chœur.
  5. Le chaperon est une épitoge de deux couleurs que les consuls portent sur l’épaule, celui de Vence étant le noir et le rouge. Les consuls ne sont pas simplement là pour lui faire honneur, mais parce la communauté est intéressée à la visite, étant appelée à supporter une partie des dépenses que l’évêque ordonnera. Elle a d’ailleurs un droit de regard sur le "service divin qu’elle finance en versant la dîme. Les consuls sont assistés du greffier prêt à rédiger les actes en leur nom.
  6. Le prévot est le premier dignitaire du chapitre.
  7. Le rite de la porte a été observé.