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Et neanmoins c’est comme ces Messieurs raisonnent. Ils pretendent qu’on ne peut tirer aucun avantage des approbations des Papes, et des Conciles pour la veritable doctrine de S.t Augustin, si on ne suppose que ces mot[sic] de doctrine de S.t Aug. ont signifié dans leur bouche la veritable doctrine de S.t Aug. telle qu’elle se trouve dans ses livres ce qui est tres vray : mais il veulent ensuite qu’afin qu’on ait droit de croire que ces mots de doctrine ont signifié la veritable doctrine de S.t Augustin, il faut qu’ils n’ayent pu signifier autre chose, ce qui est tres faux ; car j’ay tres grand sujet de croire que ces mots ont signifié la veritable doctrine de ce Pere, quoy que je fusse tres mal fondé de pretendre qu’ils n’ont pu signifier autre chose, comme j’ay sujet de croire qu’un homme est creancier d’un autre depuis 20. ans, parce que son contract qui est signé par deux notaires tres gens de bien, est dasté de ce temps la, et neantmoins le fondement de cette creance n’est pas que ce contract n’ayt pû estre antidaté ; car cela est tres possible en soy mais c’est seulement que j’ay toute sorte d’apparence de croire la point esté, ce qui ne m’empeschera pas qu’en un autre occasion je ne puisse croire qu’un contract antidasté a esté antidaté, mais ce sera seulement lorsque j’en auray de grandes preuves, comme s’il estoit signé par des notaires decriez ; et qui ayent esté convaincus d’avoir commis d’autres faussetez ; si c’est un contract en faveur d’un homme de neant, qui soit amy intime d’un insigne banqueroutier convaincu d’avoir voulu frauder ses creanciers, et qui contienne une somme fort considerable que l’on sçauroit exceder de beaucoup le bien de celuy qui diroit avoir pressé, ou si par megarde il estoit parlé dans ce contract de choses arrivées depuis le temps de la daste.

N’aurois je pas grand sujet alors de croire que ce contract auroit esté antidaté, et devrois je me mettre en peine de celuy qui me diroit que j’ay grand tord de faire ce jugement, parce que j’aurois dit sur le sujet d’un autre contract qu’on devoit croire qu’un homme estoit creancier du temps qui y estoit marqué : qu’il falloit bien ⁁que je supposasse alors que les contracts ne pouvoient pas estre antidatez qu’autrement ma raison auroit esté mauvaise, mais que si elle estoit bonne alors, pourquoy donc n’y aurois je plus d’egard, pourquoy avois je recours a un moyen qui ruïneroit tous les liens de la societé civile en donnant lieu de ne se plus arrester aux temoignages les plus authentiques, et les plus certains tels que

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