Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47

Mais il faut croire les miracles quand on a raison de les croire, et ne les pas croire, quand on raison de ne les croire pas, & on a raison de les croire quand que ils sont accompagnez de circonstances qui ne nous donnent aucun sujet d’y soupçonner aucune fausseté, mais qui nous donnent au contraire toute sorte d’asseurance qu’il n’y a que verité et que sincerité dans le rapport qu’on nous en fait.

Je soutiens par exemple que ces circonstances se sont rencontrées dans les deux miracles qui sont arrivez à P. R. et particulierement dans le premier et qu’il n’y a point d’homme raisonnable qui puisse douter au moins du fait, c’est a dire de la maladie dans toute sa grandeur, et de la guerison dans toute sa perfection pour veu qu’il fasse attention a toutes les circonstances, et aux témoignages de toutes les personnes du dedans et du dehors de la maison qui en ont attesté la verité.

Que si l’on m’opposoit qu’il n’est pas impossible que toutes ces personnes ayent conspiré ensemble pour soutenir le mesme mensonge je repondrois que cela n’est non plus possible, comme il est possible que donnant a un enfant tous les caracteres qui sont necessaires pour escrire les deux premiers vers de Leneïde, il les arrange fortuitement et tout d’un coup, en sorte qu’il fasse ces dix vers que je suppose a luy estre entierement inconnus.

Il y à demonstration que cela est possible, et cependant, un homme d’esprit à qui on voudroit persuader en luy montrant ces dix vers de virgile, qu’ils auroient esté escrits de cette sorte croiroit avec raison que ce seroit se moquer de luy d’entreprendre de luy faire croire une chose si extravagante. or je soutiens que la possibilité d’une conspiration entre tant de personnes de tant de diverses conditions, et de divers interest a soutenir un mensonge contre leur conscience, sans qu’aucune se demande et decouvre cette conspiration, n’est pas moins esloignée, que celle de l’arrangement fortuit de ces caractères p.r en faire dix vers latin[sic].

Il n’y a donc point d’argumens plus faux en ce qui regarde ces faits particuliers que ceux la. Il n’est pas impossible que cela soit. Donc vous n’avez aucun sujet de ne pas croire que cela soit, comme si j’estois obligé de croire tout ce qui peut estre, ou qu’il n’y eust point d’autre raison pour m’empescher de croire une chose, si non qu’elle fut impossible.