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et en luy mesme comme on feroit une proposition de geometrie, mais il le faut prendre avec toutes les circonstances qui l’accompagnent tant interieures qu’exterieures, jappelle circonstances interieures, celles qui appartiennent au fait mesme ; et exterieures, celles qui regardent les personnes par le temoignage desquelles nous sommes portez ale croire.

Cela estant fait si toutes ces circonstances sont telles, qu’il n’arrive jamais ou presque jamais, ou fort rarement, que de pareilles circonstances soient accompagnées de fausseté, nostre esprit se porte naturellement a a[sic] croire que cela est vray, et il a eü raison de le faire, sur tout dans la conduite de la vie, qui ne demande pas une plus grande certitude, que cette certitude morale, et qui se contenter en plusieurs rencontres de la plus grande probabilité.

Que si au contraire ces circonstances ne sont pas telles, qu’elles ne se trouvent fort souvent avec la fausseté, la raison, veut ou que nous demeurions en suspens, ou mesme que nous tenions pour faux ce qu’on nous dit quand nous ne voyons aucune apparence que cela soit vray, cencore que nous n’y voyions pas une entiere impossibilité.

Voila sans doute la veritable regle selon laquelle nous devons conduire nostre raison pour ce qui est de la creance de ces faits particuliers et faute de l’observer on est en danger de tomber des extremitez dangereuses de credulité, et d’incredulité.

Car il y en a par exemple qui s’imaginent qu’il y a de la force d’esprit a douter de tous les miracles, sans en avoir d’autre raison, si non qu’on en a souvent raconté, qui ne se sont pas trouvé veritables et qu’il n’y a pas plus de lieu de croire les uns que les autres.

Les autres au contraire feroient confiance de douter d’aucun miracle, parce qu’ils s’imaginent qu’ils seroient obligez de douter de tous, s’ils doutoient d’aucun, & qu’ils se persuadent que ce leur est assez de sçavoir ce qui est possible a Dieu, pour croire tout ce qu’on leur dit de effects de sa toute puissance.

La disposition de ces derniers est bien meilleure que celle des premiers, mais il est vray neantmoins que les uns et les autres raisonnent également mal ; car la possibilité de tous ces miracles n’est pas une raison suffisante pour nous les faire croire tous Dieu ne faisant pas tout ce qu’il peut faire, et ce n’en est pas aussy une de n’en croire aucun, de ce qu’il s’est trouvé quelques personnes assez meschantes pour en faire de faux, ou de ce que d’autres ont pris pour miracles ce qui n’estoit qu’un effet de la nature.

Mais il