Page:FR631136102 - Recueil d'Ecrits sur le Formulaire - MS 140.pdf/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

esté dit dans la refutation de cet argument, je crois devoir seulement découvrir icy ce qui a fait prendre a l’hautheur pour une objection invincible un raisonnement appuyé sur des principes tres faux.

Il represente qu’on a souvent argumenté de cette sorte. Les Papes et les Conciles ont déclaré que la doctrine de S.t Augustin sur la grace et sur la predestination, estoit catholique. donc cette doctrine de S.t Aug. telle qu’elle est en elle mesme, et dans ses livres est catholique, et ils demandent en quoy consistoit la force de cet argument n’estoit ce pas dirent ils en ce que ce mot de doctrine de S.t Aug. dans la bouche de ces Papes et de ces Conciles non seulement ne signifioit, mais ne pouvoit signifier autre chose que la reelle, et veritable doctrine de S.t Aug. car si ce mot eust pû signifier quelqu’autre chose, leur argument estoit vitieux qu’est il donc arrivé a cet argument, qu’il ne vaille plus rien.

On repond en un mot, comme on à deja fait plus au long en un endroit, que cet argument a toujours esté, et est encore fort bon mais que sa force consiste non en ce que ce mot de doctrine de Saint Augustin n’a pû signifier autre chose dans la bouche de ces Papes que la reelle, et veritable doctrine de S.t Augustin, mais en ce qu’il n’a en n’a en effet signifié autre chose, quoy que le contraire ne fut pas impossible, car pourvu qu’il n’ayt pas signifié autre chose, l’argument est fort bon, et ainsy tout ce qu’il reste au plus a ces messieurs, est de me demander, quel droit ay je de supposer que dans la bouche de ces Papes, qui ont approuvé S.t Augustin, ce mot de doctrine de S.t Aug. a signifié la veritable doctrine de ce Pere, puisque j’avoüe qu’il a pû signifier autre chose, et c’est aussy surquoy je desire de les satisfaire.

Il n’est pas possible que si ces mess.rs y eussent fait attention ils n’eussent reconnu facilement l’extresme difference qu’il falloit mettre entre deux deux sortes de veritez, les unes qui regardent seulement la nature des choses, et leur essence immuable, et eternelle independemment de leur existence ; et les autres qui regardent les choses existantes, et sur tout les evenemens humains et contigents qui peuvent estre et n’estre pas quand il s’agit de l’avenir, et qui ont tellement esté qu’ils peuvent n’estre pas, quand il s’agit du passé. J’entends tout cecy selon leurs causes prochaines en faisant abstraction de leur ordre immuable dans la providence, parce que d’une part il n’empesche point la contingence, et la possibilité de ce qui n’est pas arrivé en effet, et que ⁁de l’autre ne nous estant pas connu il ne contribüe rien a nous faire croire les choses.

Dans la premiere sorte de veritez comme tout y est necessaire